Parricide
C’est l’homme qui rumine beaucoup trop,
Celui qui ne boit jamais d’eau,
Il s’est installé dans le salon,
Et n’arrête pas de dire que le temps est trop long.
Où est celui que j’ai longtemps admiré ?
Il a disparu,
Dans mon esprit je l’ai tué,
Mon héros s’est perdu.
J’ai peut être cessé de l’aimer,
J’ai même secrètement honte,
De me dire que je me mets à le détester,
Les jours où la colère monte.
J’ai grandi et appris à tout rejeter,
Ses réflexions et ses idées,
Si pauvres et dénués d’arguments,
Je me suis détaché pour suivre le vent.
Il a beaucoup vieilli,
Alors que je me suis complètement construit.
Mais il faut subir ses colères
Contre la vie qui ne lui a rien donné
Exactement comme il le voudrait,
Un feu impossible à taire.
Les tendresses sont inexistantes,
Nous sommes adeptes des paroles foudroyantes,
Pourtant quand il a failli mourir,
Dans mes bras je l’ai serré,
Et nous nous sommes mis à pleurer…
C’est l’homme qui rumine beaucoup trop,
Celui qui a milles défauts,
Celui que je ne peux faire taire,
Car cet homme c’est mon père.